1001 mots pour dire « France, île(s) aux trésors »

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« France île(s) au trésor, l’aperçu » est un O.L.N.I.  Un Objet Livresque Non Identifié.

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Ces pages sont avant tout une invitation, une invitation à ralentir, à ralentir et s’émerveiller. Elles sont une suggestion, modeste, à prendre le temps. Prendre le temps de regarder et ressentir autrement. Regarder autrement non pas les images qui vous sont offertes, mais plutôt à terme, celles, vôtres, visuelles ou intérieures, clairement sensibles ou évanescentes, qui pourraient venir à vous dans la douceur de l’errance en d’autres mondes.

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F.I.A.T  « France, îles(s) aux trésors »  est une variation sur R.O.T.M. « Regarde où tu marches ». «Regarde où tu marches » est une lubie de voyeuse un peu zarbie, mais somme toute très ordinaire, qui consiste à attraper en image la merveille à nos pieds, et si possible à la partager. Nul besoin d’avion, d’ULM ou de drone : se balader, ne rien remarquer, laisser aller son regard, et finir par entrevoir. « Souvent j’ai vu  à mes pieds mes  humeurs. (…) Je me suis étonnée du sourire du ciel posé là, de la terre vue de mon ciel, c'est-à-dire à quelques pieds seulement au-dessus des miens, la tête un peu dans les étoiles. » (ROTM Saison 1- avril 2013). Granville, Dinard, Le Mont-Saint-Michel, La Maison du Groenland à Paris : ROTM a donné lieu à quelques expositions et sa route est en devenir.  En 2015, suite à une douloureuse déflagration de vie, déjà persuadée que de l’errance et de la rêverie naissent de lumineuses expériences, l’idée de F.I.A.T. s’est imposée : après des années de Tour de France à la voile pendant lesquels on regarde défiler depuis l’eau les îles du littoral métropolitain sans y poser le pied, j’ai eu envie d’aller y marcher et ralentir, pour y découvrir et me redécouvrir. FIAT était né : « France, île(s) au trésors » ; portraits de quelques perles du littoral français par leurs sols, leurs grèves et leurs eaux… « Regarde où tu marches »  (ou « le ciel à nos pieds », encore et encore) même si c’est sur l’eau.

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Îles ou archipels. Chausey, Les Hébihens, Bréhat, Batz, Ouessant, Groix, L’île aux Moines, Yeu, Aix, le Frioul, les îles d’Hyères, Saint-Honorat. Telles sont les douze – ô choix cornélien. Mais de la Baie du Mont-Saint-Michel aux abords de la Baie des Anges. Parmi les centaines d’îles de pleine mer que compte le littoral français, il fallait bien choisir, donc se priver du reste. Le bouquet de ces « meritoires » devait à mon sens composer un aperçu du trésor de la prodigieuse diversité de ces côtes, c’est-à-dire représenter au moins la singularité des trois bassins Manche, Atlantique, Méditerranée, et la plus grande variété possible de territoires associés. Dialogue avec l’ange humain oblige, le choix restreignit la sélection aux îles habitées à l’année, accessibles à quiconque désirait s’y aventurer, et dont un bon marcheur pourrait faire le tour en un jour.

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Îles. Un immense merci à tous les îlais, îlois, îliens (et aux personnes associées) qui m’y ont invitée ou accueillie dans mon vagabondage estival 2015, lors de cet itinérance des grandes découvertes et de la renaissance. Magnifique plongée dans des espaces humains et naturels toujours mystérieusement scintillants dès lors que l’on prend le temps de ralentir, et de s’imprégner des ondes ambiantes en lumineuse compagnie ou dans le silence intérieur. Remisée quelques temps par d’autres aventures, la matière recueillie mûrissait dans différents carnets, disque dur, caisses en bois… L’heure est venue de la partager, avant qu’elle ne s’évapore dans les marées du temps. 

 

Îles. Sur un tel sujet, les images de sol à la limite de l’abstraction n’auraient pas suffi au partage en humanité. À la transcendance verticale se sont donc ajoutés quelques repères à hauteur d’oeil.  Associées à de petits trésors temporaires glanés sur place, les polaroids « expansés » par le dessin à l’encre, technique chère à mes carnets de voyage, permettront peut-être à certains de reconnaître quelques soupçons de traces de figures familières. Autres regards horizontaux, les vues cardinales d’entrées de chapitre, relevées au point culminant estimé de l’ile, connectent l’espace insulaire au port dont on est parti, à la côte qui l’héberge, comme au vide supposé du large. Objet livresque ? Il fallait bien ajouter quelques lettres. Mes mots sont de trop. Ceux d’un ambassadeur de la langue et de la culture françaises, lié au territoire, dialoguent avec chaque île. Ils vous invitent à métamorphoser l’expérience en ce que le moment de la vie aura choisi d’en faire. Il ne manquait qu’une carte à la Stevenson, anonyme, invitante et incomplète, pour donner quelques points d’ancrage aux parcoureurs de ces pages, qu’ils puissent s’y retrouver un peu s’ils désiraient s’y perdre. Libres à eux en tout cas de goûter ou non les images de la magie des sols que notre foulée parcourt : à chaque escale, les six photos retenues appellent à explorer…les six directions de l’univers.

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Îles. Marche. Six directions de l’univers. Errance en pleine nature et/ou en et hors nous-mêmes. J’espère que ce livre vous incitera à le fermer très vite. Et à partir goûter la puissance des choses simples de l’expérience du monde. Goûter les couleurs du vent quand il caresse les joues ou siffle différemment aux oreilles, recracher la peau des arbouses trop vite gobées à même un arbuste accroché dans la falaise, glisser sur le cul et se relever crotté, observer, les pieds ancrés dans le sable d’estran, figurer en ondes la musique du clapotis de l’eau calme - si différente du fracas symphonique en technicolor des masses surpuissantes qui frappent les côtes à l’ouest - s’enivrer de l’odeur des herbes folles et de la terre mouillée qui chuinte entre les bottes, discuter sur votre chemin avec un cheval, une vache-vue-sur-mer, un crabe, une huitre ou un tamaris, aspirer la mer en croquant des algues, faire péter l’iode, la peau, les os, sabrer le kaleidoscope du vivant en le remerciant d’être…

Savourer l’eau, la terre, le ciel et la vie en les remerciant d’être.

 

Bien à vous,

Marine

À Granville, le 18 mars 2022.